Actualités
L'après-midi porte conseil à Radio-Canada: Mythes et réalités des policiers québécois
Écoutez l'entrevue radio
Cyberpresse
Publié le 28 mars 2011
Au SPVM, 300 policiers par année ont recours au soutien psychologique

Les
cas de stress post-traumatique ne sont pas plus nombreux chez les
policiers que chez les civils. Sur cette photo de 2007, des policiers
commémorent le premier anniversaire de la tuerie au Collège Dawson.
Photo: Patrick Sanfaçon, archives La Presse
Environ 300 policiers montréalais
par année ont recours aux services psychologiques offerts par
l'employeur. Contrairement à la croyance populaire, des études
démontrent qu'ils ne sont pas plus susceptibles d'avoir des troubles
psychologiques que le reste de la population.
Entre
2006 et 2010, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a
ouvert 1375 dossiers de services psychologiques internes et externes,
selon les données obtenues par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à
l'information. Les consultations cliniques internes et externes ont
coûté plus de 2 millions de dollars pour ces 5 années.
Est-ce beaucoup? «Ça correspond environ à la moyenne de la population»,
répond le Dr Normand Martin, chef de section du Programme d'aide aux
policiers du SPVM. Moins de 7% des 4600 policiers du SPVM consultent un
psychologue.
Des études réalisées au cours des dernières années tendent à démontrer
que, malgré le stress et les risques inhérents à leur profession, les
policiers ne sont pas plus susceptibles que d'autres de souffrir de
détresse psychologique et d'épuisement professionnel.
C'est la conclusion d'un projet de recherche auquel participe Pierre
Durand, professeur à l'École de relations industrielles de l'Université
de Montréal et membre de l'Équipe de recherche sur le travail et la
santé mentale.
Pierre Durand, son collègue Alain Marchand et des étudiants diplômés ont
sondé 410 employés policiers et civils du SPVM de décembre 2008 à
janvier 2009. Résultat: «La proportion de gens qui souffrent de détresse
psychologique ou d'épuisement professionnel n'est pas plus élevée chez
les policiers que chez les civils», indique M. Durand.
Les cas de stress post-traumatique ne sont pas plus nombreux chez les
policiers, selon une autre étude publiée l'an dernier par l'Institut de
recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail. Seulement
7,6% des policiers montréalais qui ont vécu un événement traumatisant
ont connu un épisode de stress post-traumatique.
Une formation pour faire face au stress
Plusieurs facteurs expliquent ce surprenant constat, selon le coauteur
de l'étude, André Marchand, professeur au département de psychologie de
l'UQAM et chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin. Les policiers
sont sélectionnés, souligne-t-il, et leur formation leur offre des
outils pour faire face au stress de leur profession.
Pierre Durand rappelle pour sa part que le soutien des pairs est très
présent au sein de la police. Enfin, les deux chercheurs soulignent que
le SPVM offre des programmes de soutien actif à ses employés.
La mise en place du Programme d'aide aux policiers et policières (PAPP),
en 1990, a eu un impact positif chez les policiers, selon le chef de
section du programme, Normand Martin. Il souligne que le taux de suicide
a chuté de 78% au SPVM au cours des 20 dernières années.
«Au départ, la police et les psychologues ne se comprenaient pas
nécessairement beaucoup, raconte M. Martin. La police était dans le
concret, et le psychologue était vu comme quelqu'un dans les nuages,
dans les émotions.» Mais de fil en aiguille, le rapprochement s'est
fait; le programme d'aide est aujourd'hui bien intégré au SPVM.
L'équipe de psychologues fait 3000 consultations par année. Elle offre
un service 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 pour être présente au moment
d'événements majeurs. Ils s'occupent d'un programme de prévention du
suicide et d'un volet de formation des superviseurs. Ils organisent
également des rencontres de prévention pour les policiers qui occupent
des fonctions à risque (les agents affectés aux agressions sexuelles,
par exemple).
- Avec la collaboration de William Leclerc
|
La fascinante résilience des JaponaisÉcrit par Isabelle Maher
|
Rue Frontenac Jeudi, 17 mars 2011 11:18 |
|
« La vie est une bougie dans le vent », dit le proverbe nippon.
Durement frappés par un séisme et un tsunami, les Japonais fascinent par
leur dignité et leur courage dans l'épreuve. Comment expliquer la
réaction du peuple le plus résilient de la planète ?
« Je viens de téléphoner à des amis à Tokyo et ils étaient en train
de... travailler, sachant à peine ce qui se passait à Fukushima », raconte
l'essayiste française Dominique Loreau, qui a vécu au Japon pendant
plus de vingt ans.
Auteure de plusieurs ouvrages sur la simplicité inspirés de l'art de
vivre nippon, la dame est une fine observatrice des citadins japonais.
Jointe en France où elle se trouvait au moment des événements
tragiques qui ont secoué le Japon, Dominique Loreau multiplie les appels
et les courriels en quête de nouvelles des résidants de l'archipel.
« Nous sommes tous fous d'angoisse. Les Tokyoïtes sont à mille lieues
d'être conscients de la gravité de la situation... Si le réacteur n'est
pas éteint, ce sera un nouveau Hiroshima à la puissance dix »,
s'inquiète-t-elle.
Dans la tourmente
Comme plusieurs observateurs, Dominique Loreau mesure bien le calme
et la sobriété des Japonais dans la tourmente. Les journalistes sur
place ont maintes fois souligné l'absence de scènes de pillage et la
grande discipline dont font preuve les gens là-bas.
Parmi les 500 000 sinistrés, la plupart racontent calmement qu'ils
ont tout perdu et, une fois la tristesse exprimée, ils retournent
travailler. Cette réaction est profondément ancrée dans la tradition
shintoïste, avance l'auteure. Cette religion - la plus ancienne du Japon
- est fondée sur le caractère sacré de la nature.
« Ce qui est le plus surprenant, confie Dominique Loreau, c'est que
comme les Japonais sont très shintoïstes dans l'âme, beaucoup d'entre
eux pensent que cette vague est une colère du ciel voulant les punir et
les laver de leur égoïsme. »
 |
Le séisme et le tsunami qui a suivi ont révélé au monde entier l'incroyable résilience du peuple japonais. Photo d'archives |
Le Japonais se sont relevés de plusieurs crises au cours de leur
histoire marquée par plusieurs catastrophes, dont les tremblements de
terre de Kobe en 1995 et de Tokyo en 1923.
Ils ont subi les deux bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, en
plus de prouver au monde entier qu'ils étaient capables d'un
spectaculaire redressement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Pour Mélissa Martin, psychologue clinicienne spécialiste en stress
post-traumatique, l'analyse de la réaction d'une société après une crise
ou une catastrophe est un phénomène intéressant.
Trouver un sens à la catastrophe
« La culture et la personnalité d'un peuple ressort lors d'un grand traumatisme », souligne-t-elle.
Comment expliquer la résilience de la société japonaise ?
« La résilience est la capacité d'un individu à passer à travers une
épreuve sans séquelles et dans un fonctionnement psychologique stable.
Les Japonais ont peut-être trouvé rapidement un sens à cette
catastrophe ? Donner un sens et trouver du soutien sont deux facteurs
importants de résilience », explique la psychologue au Centre d'études
sur le trauma de l'hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine.
Mélissa Martin se fait cependant prudente. « Il faut attendre un mois
après un trauma pour observer un stress post-traumatique »,
note-t-elle.
« Méfions-nous de l'absence d'expression de détresse et de
souffrance. La résilience n'est pas donnée à tout le monde. Les Japonais
sont très résilients, mais ils détiennent aussi les plus hauts taux de
suicide du monde », conclut-elle.
|
Consulter la revue
Journal of Trauma and Dissociation, 10, 451-488, 2009 pour avoir les résultats d'une
étude chez les policiers québécois.
L'article s'intitule "Predictors of the Development of Posttraumatic Stress Disorders Among Police Officers" et a été publié par les auteurs suivants: Mélissa Martin, André Marchand, Richard Boyer et Normand Martin
Vous avez été victime d’un acte criminel récemment ?
Le Centre d’Études sur le trauma (CÉT) du
Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine
mène présentement une étude sur l’impact psychologique et social de la
victimisation criminelle. Le CÉT est à la recherche d’individus âgés de
18 ans et plus et qui ont été victime d’un acte criminel dans les 20
derniers jours.
Cette étude vise à améliorer notre compréhension des facteurs de
risque et de protection liés à l’adaptation de la personne victime d’un
acte criminel et ainsi augmenter l’efficacité des interventions
offertes aux victimes.
Les participants pourront recevoir une indemnité compensatoire de 20 à
60$ et possiblement bénéficier d’avantages psychologiques.
Pour plus de renseignements, vous pouvez communiquer avec Emilie Jetté,
psychologue et coordonnatrice du projet au 514 251-4000, poste 3734
Ce projet de recherche est financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et réalisé sous la direction de Stéphane Guay, Ph. D.